Demetrios se sentait obligé de marcher d'une manière la plus noble qu'il soit. Certes, il était au beau milieu du désert, et il n'y avait personne aux alentours (sans compter le village enflammé et désolé qui se profilait à l'horizon..). Ces grains d'or dans lequel il marchait depuis dix bonnes heures qui reflétait les rayons de cette étoile et qui tapait comme des cymbales sur le front de notre homme, comme le feu dont le ciel aurait craché et où le sol se serait soulevé face à cette vague de chaleur...Ce n'en fut point le cas : seul cette chaleur semblait profiler des ombres peux communes à notre homme. Il n'y avait pas d'arbres, pas d'animaux, pas d'oasis. Notre homme marchait sans cesse, traversant des plaines, des montagnes, avant d'arriver sur le plateau désertique de Kraden. Rien ne fut plus pénible que ceci, cette marche incessante. A peine devait-il faire un pas que cela concentrait une énergie considérable, comme un combat contre ces rayons tumultueux, ce bain de chaleur oppressante lui semblait l'enterrer au fin fond des envies les plus basiques : boire. Boire de l'eau. Car cette eau est un trésor en ces temps difficiles. Une ombre se profila au loin. Cela venait du village désolé. Demetrios fronça les sourcils avant d'effectuer un pas en avant. Malgré sa longue cape noir dont il a entouré son visage, ses lunettes rondes de motard, son marcel noir laissant paraitre entre deux cicatrices le signe "Oméga", il étouffait. Peut-être était-ce le soleil qui le tapait et qui le faisait halluciner? Mais ce n'en fut point le cas. En effet, la silhouette divague s'approchait de plus en plus de lui, jusqu'à ce que notre homme discerna enfin sa cible. C'était bel et bien lui. Cet homme dont il avait vu sur l'affiche, avec écrit en dessous "10.000.000 Gils à gagner. Mort ou vivant". Lorsqu'il fut à portée de voix, notre homme lança alors :
-Cette tenue...Cette arme.. C'est toi, n'est-ce pas? lança-t-il en marmonnant.
Après un instant de silence où le vent sec et extrêmement chaud venait de soulever des grains d'or, l'inconnu pencha sa tête vers le soleil, comme s'il voulait pendre un bain de lumière, et il lança alors:
-Tout dépend de qui tu cherches.
-Tu as mis fin à ce village.
-Qu'est ce que ça peut te foutre?
-Mon nom est Demetrios, et le gouvernement humain m'a payé pour t'arrêter.
Il y a eu un autre instant de silence. Pour Demetrios, ce silence était mieux que ces paroles qui étaient de toute façon éphémères. Le silence voulait tout dire. Et les paroles donnent seulement des ordres. Or, personne n'a le droit d'ordonner de vivre de telle sorte ou de tel sorte..
-J'ai vaincu trois cents êtres à moi tout seul, et en un seul coup. Tu penses qu'une simple personne comme toi devrais me vaincre?
-Ai-je fais, ne serait-ce qu'une seule fois, allusion à une bataille dont, de toute façon, je n'aurai guère de chance de te vaincre?
D'un rire sarcastique, l'inconnu détourna encore les yeux vers le soleil en lançant :
-alors que veux-tu?
-Je suis venu te dire d'arrêter. Après tout, ta guerre est inutile.
à ces mots, l'inconnu fronce les sourcils et lance :
-comment ça?
-pourquoi fais-tu cela?
Il y eût un moment de silence...Puis il explosa de rire, et en haussant d'un ton, atteignant même une folie pure, il lança :
-Pourquoi ? tu oses me demander pourquoi ! (Demetrios remarqua que la seconde fois ne fut plus une question, mais une affirmation, signe que cet inconnu a déjà perdu patience...) les hommes et les démons ont ruiné ma vie rien qu’en me la donnant, je suis un cambion, un impur, une chimère, un affreux mélange de deux races opposées ! je suis un indigne, mon existence même est un affront la nature me rejette même ! Mes parents m’ont abandonné. J’ai dut grandir isolé, je n’ai nulle part ou aller, et tu me dis toujours "Pourquoi"?!
Demetrios lui perça alors les yeux de l'inconnu. Notre homme est un professionnel du regard, et s'il aime bien une chose c'est de mettre mal à l'aise, ou au contraire faire confiance rien qu'avec un simple regard. Sur ce coup-là, ce fut le regard d'une obsession quelconque, comme si Demetrios y pensait depuis tout son voyage, ce qui était d'ailleurs le cas. Mais l'inconnu détourna ses yeux ailleurs. Il commença alors à bredouiller quelques mots sans aucun sens, avant de dire en fin de compte :
-pardon?
-je suis moi-même une chimère. J'ai des capacités elfique et une force d'homme. Mais je les utilise avec un but. Je ne refoule pas mes origines, cela est inutile.
-Mais..Que ferai-je? je veux dire..je ne connais personne et je ne sais rien faire..
Son regard sombre et renfermé se pointa vers le sol. Il était vaincu. Il ne restait plus à Demetrios de le "Malaxer" encore un peu avant qu'il n'accepta.
-Tu sais te battre, donc tu ferais un bon mercenaire et puis… les gars de chez moi sont parmi les seuls vraiment prêts à t’accepter tel que tu es. En ce qui concerne les amis, tu as moi. T’en pense quoi ? ça te dirait d’être mon compagnon ? en plus on partage la récompense pour t’arrêter, on gagne à coup sûr.
- C…compagnon … ami… partager..
Il était dans un sale état, autant physiquement que mentalement.
- Alors t’en pense quoi? rajouta Demetrios, sa main droite sur sa hanche et l'autre dont il s'amusait à rythmer les secondes en claquant des doigts avec un sourire.
- Je te suis… mon ami.
C'est ainsi que les deux hommes retournèrent à la citée de la dernière légion, une ville au beau milieu d'une plaine contrôlée par la nature-même, une ville dont seuls les mercenaires de la dernière légion, les voyageurs et les marchands peuvent y accéder. Ibis.
-Le chemin est long, mon ami, lance Demetrios.
à ces mots, l'inconnu ne répondait pas.
-je m'appelle Demetrios. Et toi, c'est...?
-Fachoul.
-Bien Fachoul. J'espère que tu as pris de quoi t'amuser, car on a tout un monde à traverser !